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LE PAYS DE BITCHE...

Aux confins de la Lorraine orientale, le Pays de Bitche, ou Bitscherland, s'avance vers l'Alsace, passant des vastes horizons du plateau lorrain à la forêt des Vosges du Nord. Il est limitrophe au Sud de l'Alsace bossue, à l'Est du Pays d'Haguenau et de l'Outre-Forêt, au Nord du Palatinat, tandis qu'à l'Ouest il prolonge le canton de Sarreguemines.

UN PAYSAGE CONTRASTÉ

Cette région de la Lorraine germanophone, recouvre deux entités géographiques très différentes, séparées par une ligne imaginaire joignant Rahling au Sud-Ouest à Liederschiedt au Nord-Est : le pays découvert ou Imgau à l'Ouest, le pays couvert ou Wasgau à l'Est. La nature géologique du sous-sol, le modelé des paysages, le couvert végétal et l'économie, tout oppose ces deux régions, que le réseau hydrographique contribue partiellement, lui aussi, à différencier : à l'Ouest, les rivières sont des affluents de la Horn (la Bickenalb, la Schwalb et le Schwartzenbach) et de la Sarre (les ruisseaux d'Achen, de Rahling, de Saint-Louis et le Schwangerbach), tandis qu'à l'Est elles font partie du bassin du Rhin (la Zinsel du Nord et ses affluents, le Falkensteinerbach et le Schwarzbach).

Le pays découvert appartient aux formations géologiques triasiques, qui sont composées de calcaires du Muschelkalk, entrecoupés de marnes avec des lentilles gypseuses, et de calcaires à cératites et à entroques, l'ensemble étant recouvert de limons ou de loess. Le modelé, ici, est celui du plateau lorrain dans sa partie la plus orientale, variant entre 300 et 400 mètres. Ce paysage, aux formes un peu lourdes, est à peine barré par la côte du Muschelkalk, d'une cinquantaine de mètres de dénivellation, qui se développe entre Erching et Rahling, en passant par Rimling et Rohrbach. Les rivières bordées de saules, sinueuses mais peu encaissées, sont grossies par de nombreux ruisselets, aujourd'hui insignifiants, qui ont pourtant modelé un paysage de croupes aux formes adoucies. C'est à un déboisement intensif, sans doute avant le XVIe siècle, que la région doit son appellation de pays découvert, bon nombre de communes étant depuis bien longtemps totalement dépourvues de forêt, comme Petit et Gros-Réderching, Bettviller, Epping ou encore Etting et Schmittviller ; ailleurs, des lambeaux de forêts de feuillus, plus ou moins importants, témoignent de son existence ancienne. Le paysage étend à perte de vue ses champs ouverts, laniérés jusqu'aux remembrements de ces dernières années : un laniérage rendu particulièrement visible aux saisons de printemps et d'été par la juxtaposition des cultures en fonction de l'assolement. Autour des villages, mais parfois fort loin des habitations, sur des pentes bien exposées, les vergers alternent avec les cultures, surtout dans le canton de Volmunster. La culture traditionnelle de la pomme de terre et des céréales (blé, avoine, seigle, orge et sarrasin) a peu à peu évolué, se spécialisant dans la production du blé. Dans le domaine de l'élevage, les porcs et les chèvres ont toujours occupé une place importante, tandis que les vaches et les boeufs, utilisés comme bêtes de trait, surpassaient en quantité le nombre des chevaux. Dès le XVIIe siècle, ce cheptel était vendu dans les foires de Bitche et de Rimling aux marchands alsaciens qui, en échange, fournissaient du blé, du vin, des étoffes et de la mercerie. La tendance actuelle est, comme partout, une évolution vers l'élevage laitier grâce à l'accroissement des surfaces en herbage.

Le pays couvert, qui constitue la grande originalité du Pays de Bitche, appartient quant à lui au Buntsandstein triasique, dont les formations gréseuses ont donné naissance à un plateau variant de 200 à plus de 450 mètres, fortement morcelé par des vallées nombreuses, profondes et très ramifiées, et hérissé de barres et de pointements rocheux ruiniformes, offrant un paysage pittoresque. Un couvert forestier très dense de chênes, de hêtres, de charmes et de pins sylvestres, plus récemment implantés, moutonne à l'infini, occupant la quasi-totalité des pentes, alors que les fonds de vallée, tourbeux, sont envahis par les carex, les joncs, les aulnes, les érables, les tilleuls, les frênes et les alisiers. Ici la forêt occupe plus de 65 % du territoire, un chiffre souvent beaucoup plus élevé dans les communes limitrophes de l'Alsace. Parfois, quand la vallée s'élargit comme à Eguelshardt ou à Baerenthal et que les clairières de défrichement ont été gagnées sur les basses pentes, la prairie et quelques cultures vivrières se sont développées.

Objet des soins attentifs des ducs de Lorraine représentés par leurs gruyers, exploitée intensivement par les Français à partir des années 1730, la forêt a toujours été une source de revenus importante, faisant vivre des bûcherons, des charbonniers, des voituriers, des scieurs, des charpentiers et même des sabotiers. Les feuilles mortes, ramassées sur 20 % des surfaces forestières seulement pour permettre la régénération de l'humus, servaient à faire des litières pour le bétail, faute de paille, ou étaient utilisées comme engrais ; les grumes étaient employées pour la charpenterie et la construction navale, les Français faisant venir le bois jusqu'au port de Rochefort, en passant par Rotterdam. Les Hollandais, pour leur part, importaient du bois de chauffage et de façonnage, le flottage se faisant sur les rivières de la Horn, la Blies, l'Eichel et la Sarre ; sur place, les bois de feuillus étaient largement utilisés comme combustible dans les nombreuses verreries locales et dans l'industrie sidérurgique, principalement dans les forges de Mouterhouse et de Reichshoffen (Bas-Rhin). Les sous-bois, eux aussi, constituaient un apport non négligeable à l'économie locale avec leurs myrtilles, leurs genêts servant à faire des balais, leurs bruyères et leurs fougères utilisées comme fondants dans les verreries.

Jusqu'à une époque récente, les fonds de vallée, occupés par des prairies de fauche, étaient irrigués grâce à un système de rigoles perpendiculaires au cours des rivières, issues de canaux de dérivation. Faute d'entretien, ces aménagements ont été peu à peu abandonnés et les prairies ont été gagnées par les friches.

L'imperméabilité des roches et l'abondance des eaux ont favorisé dès le Moyen Age la multiplication d'étangs artificiels, grands pourvoyeurs de truites et de carpes, qui constituent aussi l'une des originalités du Pays de Bitche. A la fin du XVIe siècle, il y en avait déjà une bonne cinquantaine, mais aujourd'hui on en compte près d'un millier, situés pour la plupart dans la région gréseuse. Un certain nombre d'entre eux entraînaient des moulins à grains, à huile, à foulon, des scieries et des forges, comme le Grafenweiher à Sturzelbronn ou l'étang de Munzthal à Saint-Louis-lès-Bitche.

PAYS DU VERRE, PAYS DU FER

Dans le domaine des industries, l'activité verrière occupe une place de choix, puisqu'elle est la plus ancienne et sans doute la plus répandue. Les conditions naturelles ont été particulièrement favorables à son implantation : présence de sable et de bois en abondance, mais aussi possibilité d'extraire la potasse des bruyères et des fougères. Installées d'abord en pays découvert à l'initiative des comtes de Deux-Ponts-Bitche dans le courant du XVIIe siècle (Rimling, Petit-Réderching, Neunkirchen ou Holbach), les verreries disparaissent ici avant 1580. A cette époque, elles s'établissent en pays couvert, favorisées par les ducs de Lorraine, avec la création en 1586 de la verrerie de Munzthal puis, bien des années après, de celle de La Soucht en 1629. Produisant toutes du verre à vitre et de la gobeleterie, elles ont des caractères communs : elles ont été fondées par des verriers allemands venus de Hesse, de Souabe et du Spessart, et elles sont itinérantes en raison de la raréfaction du bois de combustible au bout de quelques années. La guerre de Trente ans leur porte un coup fatal et il faut attendre le début du XVIIII siècle pour voir de nouvelles verreries, désormais sédentaires, s'implanter à Meisenthal (1702), Goetzenbruck (1721) et Saint-Louis-lès-Bitche (1767), leurs productions restant toutefois les mêmes. Au XXe siècle, celles-ci vont se diversifier, la verrerie industrielle (optique, fabriques de thermomètres, glacerie) s'ajoutant à la verrerie traditionnelle et à la cristallerie, par exemple à la manufacture de Mont-Royal à Goetzenbruck (1938). De nos jours, on assiste peu à peu à une concentration des entreprises qui passent sous le contrôle de puissantes sociétés : ainsi, la cristallerie de Saint-Louis rachetée en 1989 par le groupe Hermès, et la cristallerie de Lemberg, fondée en 1925, absorbée en 1990 par la société Lalique. Il subsiste cependant de nombreux artisans installés à domicile, qui continuent à tailler le verre et le cristal.

L'industrie sidérurgique, pour sa part, est née d'une volonté des ducs de Lorraine d'exploiter les richesses minières de cette région favorisée par la présence de bois et d'eau en abondance. Dès les premières années du XVIIe siècle, Louis de Bettainvillers, maître des forges de Moyeuvre, et des mineurs de Sainte-Marie-aux-Mines sont envoyés dans le comté "pour découvrir quelque apparence de mine". Quelques années plus tard, en 1611, l'autorisation est accordée à Jean Valentin de Dithmar, gruyer et receveur du comté de Bitche, d'établir une batterie de fer sur le ruisseau de Mouterhouse, puis, en 1631, d'installer une batterie de cuivre à proximité. En dépit des recherches de minerai ordonnées par les autorités en 1627, suite à la pénurie de matière première, ces établissements vont très vite péricliter et disparaîtront en 1632. Ils reprendront leur activité seulement au début du XVIIII siècle, le duc Léopold accordant des privilèges aux successeurs de J.V. Dithmar en 1723. A l'Est, sur la Zinsel du Nord, une forge est créée en 1760 à Baerenthal pour transformer la fonte de Franche-Comté, tandis qu'à Bellerstein, une scierie installée sur le Falkensteinerbach est reconvertie en 1765 en "manufacture de tôle, fer battu et lames de liens". En dépit des difficultés intervenues dans les années 1777-1785, notamment à cause de la concurrence des fonderies de Diemeringen (Bas-Rhin), les forges de Mouterhouse survivent seules ; elles sont rachetées en 1843 par la firme de Dietrich installée à Niederbronn (Bas-Rhin) et modernisées dans les années qui suivent. Le premier four Bessemer y est installé en 1863, mais la crise industrielle et l'apparition de la grande sidérurgie vont entraîner très vite le déplacement de cette activité vers l'Alsace, autour de Niederbronn et de Reichshoffen, d'autant plus que depuis le début du XIXI siècle, le minerai de fer provenait en grande partie de la région de Brumath.

Parmi les autres activités traditionnelles, il convient de citer les tuileries installées en pays découvert (à Hottviller, Bitche, Schorbach ou Weidesheim par exemple), les fours à chaux de Rolbing, les plâtreries de Rohrbach, les fabriques de potasse de la vallée de Sturzelbronn, les scieries, ou "moulins à scie", du pays couvert, installées à Bellerstein, dans la vallée de Meisenthal ou à Andernheim près de Montbronn. Dans chaque village ou presque, les femmes tissaient pendant l'hiver, tandis que les hommes distillaient la pomme de terre ; des foulons à drap existaient à Hanviller, Achen et Walschbronn dès le XVIle siècle ; les tanneries de Bitche étaient alimentées en tan par les moulins d'Haspelschiedt, Reyersviller et Siersthal. Sur la plupart des rivières, même- les plus médiocres, des moulins à farine et à huile tournaient, le nombre des meuniers de la seigneurie de Bitche étant si important que le duc de Lorraine Henri Il les avait autorisé à se regrouper en corporation en 1615. Ces activités, qui ont contribué à la richesse du Pays de Bitche depuis le XVIle siècle, parfois même avant, ne sont plus aujourd'hui que des souvenirs, qui ont parfois laissé leurs traces dans le paysage, comme les moulins ou les fours à chaux.

UN PAYS D'OCCUPATION ANCIENNE

Les témoignages archéologiques sont particulièrement signifiants à partir du Néolithique et jusqu'à l'époque gallo-romaine. la présence de l'Homme durant le Paléolithique moyen voire inférieur (entre -200 000 et -35 000 ans avant Jésus-Christ environ) est attestée par une dizaine de gisements de plein air et par des pièces isolées aux environs de Rimling.

Le Néolithique, connu par des sites à Rimling, Haspelschiedt et Walschbronn, est surtout illustré par des polissoirs (rochers entaillés par le frottement des outils) situés sur la frange orientale, dans les communes entre Baerenthal et Roppeviller ; apparus dès cette époque, ils semblent être encore utilisés aux périodes suivantes. L'Age du bronze et, à un moindre degré, l'Age du fer sont représentés par quelques trouvailles isolées et des sépultures sous tumulus, mises au jour essentiellement dans la partie occidentale de la région.

A l'époque gallo-romaine, alors que le Pays de Bitche appartient à la cité des Médiomatriques, en Gaule belgique, à la frontière de la Germanie et des Triboques d'Alsace, les indices d'occupation se multiplient. Des villas rurales s'implantent essentiellement en pays découvert, leur chiffre pouvant s'élever à une douzaine comme à Bettviller ; leur répartition apparaît plus dense dans le canton de Volmunster et dans la partie occidentale du canton de Rohrbach. Dans la partie orientale du pays, les prospections s'avèrent plus difficiles, en raison du relief accidenté et du couvert forestier. Mais c'est ici qu'ont été sculptés les célèbres rochers de Lemberg et de Roppeviller, représentant des dieux et des déesses du panthéon romain [Diane, Mars, Hercule, Sylvain (?)] mais surtout gaulois [Nantosvelta (?), déesse de la forêt, une déesse des sources et des dieux non identifiés]. D'autres témoignages cultuels existent dans la région : Junon à Weidesheim et peut-être à Sturzelbronn, Mercure à Bitche, Enchenberg, Epping et Haspelschiedt, Rosmerta à Bitche (autels, stèles ou statues).

A la période romaine succède une occupation à l'époque mérovingienne, peu dense et limitée à quelques localités du Pays découvert (Bettviller, Rimling et Altheim, aujourd'hui en Sarre).

La christianisation, particulièrement tardive, semble avoir été diffusée par l'abbaye bénédictine de Hornbach fondée au VIIIe siècle par saint Pirmin.

UN PAYS D'ENTRE-DEUX : AUX MARCHES DE LA LORRAINE

C'est au XIe siècle que, pour la première fois, le Pays de Bitche apparaît comme une entité territoriale de la Lotharingie orientale, même si ses contours sont encore flous. C'est alors un alleu possédé par une famille puissante, les Matfrid. Incontestablement, cet espace constitue une base importante de la puissance territoriale, qui permet à la maison de Gérard d'Alsace d'asseoir son autorité et d'accéder finalement à la dignité ducale. Au fil du temps, l'attitude des ducs de Lorraine évolue vis-à-vis de cette possession patrimoniale. En trois siècles, ils passent d'un "attachement quasi charnel" à une nette "séparation de corps et de biens" (1297).

A l'origine, la terre de Bitche semble faire l'objet d'une vigilance soutenue. S'il convient de retenir l'hypothèse d'un atelier monétaire à Rimling sous la domination de l'évêque de Metz, il faudrait en déduire une terrible lutte d'influence dans la zone occidentale du pays de Bitche dont l'objectif prioritaire serait le contrôle d'une partie de la route du sel (au moins jusqu'aux environs de 1110). Elle se solderait paradoxalement par la victoire des ducs, alors que partout ailleurs ils ont dû rabattre leurs prétentions devant les puissants évêques de Metz. En tout cas, le contrôle effectif d'un ensemble homogène semble assuré sous Simon Ier , (1115-1139). Ses successeurs immédiats s'empressent d'ailleurs d'en fixer clairement les limites en des chartes répétitives (1150-1196). La terre de Bitche joue alors un rôle central dans la politique familiale des ducs. Souvent érigée en apanage, elle permet ainsi d'assouvir l'appétit effréné de cadets turbulents. Elle entre aussi dans un jeu stratégique plus complexe, qui vise en définitive l'installation lente et progressive en Alsace du Nord.

A partir du second quart du XIIe, siècle, Bitche et la région bénéficient, de ce fait, de la sollicitude ducale. A maintes reprises, le château de Bitche accueille la cour itinérante des ducs. La fondation de l'abbaye de Sturzelbronn (1135) constitue la manifestation la plus éclatante d'intérêt. Influencé par saint Bernard et saint Norbert, Simon entend, certes, consolider les fondements du christianisme mais aux considérations strictement spirituelles, il joint assurément des vues plus pragmatiques. Il s'entoure de clercs cultivés et dévoués à sa cause. Cette présence lui permet d'échafauder un plan de substitution. A défaut de pénétrer profondément en Alsace par le Sud (voir les démêlés inextricables avec l'abbaye de Remiremont), il tente d'ouvrir la route du Nord. Il installe une cohorte de défricheurs susceptibles de rentabiliser un vaste patrimoine, de viabiliser un pays sauvage, de fournir, le cas échéant, un soutien logistique. L'entreprise est de longue haleine et n'est pas toujours menée avec la constance voulue. Les liens entre la maison ducale et la terre de Bitche ne cessent de se renforcer. Pendant près d'un siècle (1139-1220), les ducs choisissent l'abbaye de Sturzelbronn comme nécropole. C'est sans conteste l'expression concrète d'un attachement quasi charnel à la terre des ancêtres, c'est aussi la marque tangible d'une politique ambitieuse fortement ancrée à l'Est des Vosges, qui ne finit pas de se nourrir du "mirage alsacien". A ce titre, Bitche constitue, pour un temps, une importante zone d'expansion.

A partir de 1220, la tendance se renverse, les liens se distendent, le désintérêt gagne. De centre, la seigneurie devient une marche. A cette situation nouvelle, il y a de multiples explications. Des considérations strictement inhérentes à la terre de Bitche sont pour quelque chose dans ce retournement. Inexorablement, on décèle une lente et constante érosion du domaine, qui est bien attestée pour ce qui concerne les abbayes. Déjà au XI' siècle, le village de Rahling est aliéné à l'abbaye de Bouzonville ; en 1117, les membres de la famille ducale engagent Loutzviller. Pour mener leur politique, les ducs ont dû largement inféoder leurs biens et leurs droits, si bien que la terre de Bitche offre l'image d'une unité de façade. Dans les faits, il s'agit d'un complexe dépecé, peu viable, d'où, de surcroît, n'émerge aucun site urbain. A côté de ces faiblesses internes, il faut faire prévaloir des considérations géopolitiques. A partir de la terre bitchoise, la maison de Lorraine se heurte partout aux intérêts des grands féodaux, à l'instar des comtes de Sarrebruck ou de Sarrewerden. Tous sont adversaires farouches et redoutables de l'expansionnisme lorrain. Les vains efforts en direction de Bliescastel (1286) marquent de façon cinglante les limites ducales dans cette contrée. Dans les faits, le pays est l'objet d'un "enserrement" stratégique fatal, qui rend impossible la jonction avec l'axe meurthois, désormais le pôle majeur du développement territorial lorrain. A plus forte raison, le rêve alsacien n'est plus de mise.

Le recentrage lorrain amène la conséquence ultime. Le 13 mai 1297, Ferry III et Eberhard de Deux-Ponts procèdent à l'échange. Tout en maintenant son droit de suzeraineté, le duc de Lorraine cède la seigneurie de Bitche et obtient en compensation les terres de Sarreguemines, Lindre et Marimont. C'est désormais un espace ramassé sur lui-même, beaucoup plus sujet aux influences extérieures, souvent contradictoires, quelquefois antagonistes. Il offre donc tous les caractères de faiblesse d'un pays d'entre-deux.

La lignée des Deux-Ponts se scinde peu de temps après l'échange. La branche des Deux-Ponts-Bitche préside aux destinées de la seigneurie à partir de 1333. Tenaillée entre deux attitudes, elle choisit suivant les circonstances. Tantôt elle se reconnaît vassale du Lorrain, tantôt elle revendique pour la seigneurie le statut de terre immédiate d'empire. Un opportunisme calculé est de mise. Encouragé ou non, un glissement s'opère vers l'Est. C'est l'époque où Strasbourg impose sa domination économique, perceptible à travers la circulation monétaire. Le commerce constitue, en effet, l'un des facteurs essentiels de l'emprise alsacienne. A ce titre, la route lombardo-flamande joue un rôle primordial. Elle traverse la seigneurie de part en part. Pendant la première moitié du XIVe siècle, elle engendre un regain de prospérité. Quelques rares indications archéologiques permettent de déceler les premières activités verrières. Les richesses s'accumulent ; une "bourgeoisie locale" émerge représentée, par exemple, par le péager de Rimling.

La conjoncture se détériore à partir de 1350. La peste ravage la Chrétienté. Dans le pays, on enterre le pécule amassé (trésors monétaires de Niedergailbach et Weiskirch découverts respectivement en 1917 et 1988). C'est à cette époque sombre qu'il faut sans doute reporter la disparition de villages entiers (une dizaine de sites). Pour autant, la seigneurie de Bitche ne sort pas tout à fait de l'orbite lorraine. Les faits d'armes révèlent la constance des liens "politiques". Les sires de Bitche remplissent leur devoir de vassalité tout au long des XIVe et XVe siècles. Simon Wecker est, par exemple, aux côtés du duc de Lorraine contre Charles le Téméraire.

A ce niveau, la guerre des Rustauds (1525) marque une étape déterminante dans les relations. Pour le comte Reinhard, la constatation s'impose : point de salut en dehors de la Lorraine ducale. Confronté à un soulèvement paysan sans précédent, il doit la sauvegarde de ses intérêts au seul duc Antoine. L'incident montre l'étroite dépendance des sires de Bitche vis-à-vis de leur suzerain. En corollaire, l'intervention amène un intérêt accru des ducs de Lorraine pour cette parcelle de territoire. Les habitants s'y révèlent extrêmement perméables aux nouvelles idées des Réformateurs. Désormais, la vigilance est de mise. Il s'agit d'arrêter vaille que vaille la contagion hérétique. Le pays de Bitche entre dans le point de mire de la politique lorraine. Face à la montée du protestantisme, il apparaît comme une position avancée du monde catholique qu'il convient de conserver à tout prix.

C'est donc d'un mauvais oeil qu'à Nancy on suit les querelles de succession surgies à la mort du dernier comte de Deux-Ponts-Bitche. L'intrépide Philippe de Hanau-Lichtenberg, farouche partisan de la Réforme, revendique en effet sa part d'héritage. Pour couper court à l'ambitieux, le duc de Lorraine met main basse sur les possessions des Deux-Ponts-Bitche (1572). Il revendique la seigneurie au titre de fief masculin. Sur ce coup de force, le pays retourne dans le giron lorrain, entrant par là même de plain pied dans un vaste dessein. Finistère oriental de la Lorraine, il va servir aux visées expansionnistes des ducs. En effet, la maison de Lorraine élabore patiemment un système de tenaille vers la Basse-Alsace. Bitche en constitue l'axe septentrional qui détermine les avancées ultérieures. Avant d'envisager la phase conquérante, les Lorrains jaugent minutieusement les capacités de cet avant-poste. Il s'agit d'être sûr des bases matérielles et morales du pays et de la population. C'est le temps de la prospection.

Dans la foulée de l'annexion, le conseiller Thierry Alix procède à un premier inventaire (1577). Avec le temps, l'administration affine le tableau. Les documents statistiques se succèdent. On recense jusqu'au bétail. Autour des années 1600, il se dégage une vue précise qui entraîne des mesures nécessairement complémentaires : la maîtrise de l'espace, l'endoctrinement des hommes. C'est le temps de la consolidation. A cet effet, on règle les contentieux territoriaux à l'amiable ; les bornes "fleurissent" tout au long des frontières. On pousse en même temps à la colonisation intérieure. Il en résulte toute une série d'encouragements aux verriers, aux métallurgistes qui contribuent au développement démographique et économique de la partie couverte, limitrophe de l'Alsace. De nouveaux sites apparaissent (Soucht, Mouterhouse). Vers 1610-1620, le pays est bien délimité, plus peuplé, mieux exploité. La base logistique est opérationnelle. Matériellement, on est prêt. Qu'en est-il humainement?

A ce niveau, il faut s'assurer la loyauté des sujets bitchois. Elle est fonction des convictions religieuses. Pour éradiquer les ferments hérétiques, les autorités font donc jouer à plein l'esprit de la contre-réforme. La visite canonique de 1603 amorce le mouvement. Le clergé local fait l'objet d'une reprise en main. En 1619, on s'attaque à l'ensemble de la population, la mission des jésuites de Pont-à-Mousson ralliant les habitants à des pratiques catholiques oubliées. A point nommé, on ravive le culte marial à travers le "miracle" de Guiderkirch. Enfin, en 1629 le duc de Lorraine installe des capucins à Bitche, propagandistes populaires de la double cause : catholique et lorraine. Désormais, l'idéologie religieuse est en mesure de séparer nettement la population indigène des voisins immédiats. L'étranger est virtuellement un ennemi. Le but est atteint.

Fort de ces acquis, maître de Phalsbourg, Bouquenom et Bitche, Charles IV jette son dévolu sur l'Alsace du Nord. Mais la déroute de Pfaffenhofen (1633) fait tourner court tous les espoirs lorrains. Elle entraîne des retombées catastrophiques pour le Pays de Bitche. Avec une brutalité inouïe, Suédois et Français s'acharnent successivement contre ce point d'appui de la pénétration lorraine vers l'Alsace. Il s'agit d'anéantir radicalement le dispositif mis en place. Sans retenue, on s'en prend aux biens et aux personnes. Jamais trilogie (guerre, peste et famine) ne fut plus funeste. C'est un effondrement sans précédent qui marque la mémoire populaire pour des générations.

La guerre de Trente ans (1631-1662) engendre un siècle d'écartèlement. Les changements répétés de souveraineté amènent des modifications profondes des structures. A chaque fois, la perception de l'espace se transforme. Exsangue, le Pays de Bitche se rétracte autour d'un axe Nord-Sud. En 1652-53, la bourgade devient le centre d'une région quasi désertique, qui étend une influence fragile de Hombourg aux portes de Phalsbourg. C'est alors la dernière parcelle indépendante du territoire ducal. Démuni de tout moyen, l'intendant de Malaincourt y exerce un pouvoir sur la défensive. La terre de Bitche apparaît dès lors comme l'ultime et dérisoire réduit lorrain sur lequel pèse de tout son poids l'étau français. Psychologiquement, la "résistance" bitchoise est déterminante. Elle suscite auprès du duc Charles IV la conviction d'un singularisme patriotique. Le choix qu'il opère en 1667 en découle. Au mépris des engagements, il démembre ses duchés et crée de toute pièce une entité territoriale pour son fils naturel, Charles de Vaudémont-Lorraine. C'est la naissance - très mal acceptée - d'une principauté autonome de la Sarre qui soumet le pays à une nouvelle obédience. Pour peu de temps.

Le prince de Vaudémont rejoint ouvertement le camp de la coalition anti-française. Dès 1671, il remet la place de Bitche aux Impériaux. Engagé dans la guerre de Hollande, Louis XIV ne pardonne pas l'initiative. Il fait harceler le pays. Enfin, il contraint militairement Bitche à la capitulation, le 19 septembre 1679. Il dépouille le prince de son autorité, intègre le pays au centre d'une structure administrative en gestation, la province de la Sarre. Par là même, il coupe délibérément la région de son passé. Pour la première fois, le comté est incorporé au royaume de France, dans un moule tout neuf. Les visées royales sont claires : imprimer à cette zone tampon un cachet français durable.

Louis XIV emploie les grands moyens. L'espace est militarisé à outrance. Dès 1681, Bitche entre dans le maillage serré des fortifications de Vauban. L'espace est ensuite colonisé. Un arsenal d'ordonnances "libérales" facilite l'installation d'immigrés venus de tous les horizons. L'espace est enfin "francisé". Sciemment, on crée des villages "picards", étapes obligées entre Bitche et les garnisons alentour (Holbach, Singling, Olsberg). Plus subtilement, le pouvoir s'appuie dans les campagnes sur un clergé luxembourgeois venu en nombre et rallié grâce à l'octroi généreux des dîmes abbatiales. Grassement nantis, les curés des paroisses dirigent les consciences pour la plus grande gloire de Dieu... et du roi. En ville, des capucins champenois pourvoient à l'orthodoxie des pensées. En définitive, Louis XIV fait entrer le pays dans le système du "pré carré" français et ce, d'une manière qui dépasse le cadre militaire stricto sensu. L'opération revêt ici des aspects démographiques, économiques et politiques qui donnent la juste mesure de ce qu'est "l'absolutisme conquérant" sur le terrain.

En 1691, la guerre remet en cause l'oeuvre à peine engagée. L'appareil administratif s'essouffle. Signe des difficultés, le flux des migrants s'interrompt. Au traité de Ryswick, le roi renonce à la conquête. Avant de s'en dessaisir, il fait démanteler la citadelle (1698). Intentionnellement, il restitue une terre plus vulnérable que jamais, y laisse en nombre des gens dévoués, se ménage par le fait même une entrée quand bon lui semble. Le désengagement français n'est que partiel. Dans ces conditions, le retour à la Lorraine n'est pas chose aisée. C'est avec peine que Léopold arrive à imposer son autorité. Face aux revendications du prince de Vaudémont, il pare au plus pressé. Pour cette terre éloignée, contestée, trop longtemps coupée de l'espace lorrain, il reprend à son compte la politique française de repeuplement, la tourne à son profit ; pour ce faire, il accentue la proportion des immigrants des pays alémaniques du Sud au détriment des colons régnicoles. L'ensemble est couronné d'un succès certain. Grâce aux artisans du Tyrol, du Vorarlberg, de Souabe, la reconstruction matérielle bat son plein. Après une crise de 70 ans, le pays donne les premiers signes d'une confiance retrouvée.

Nouveau soubresaut, les Français reviennent en force, le 7 décembre 1705. Sans coup férir, ils réoccupent la citadelle pour une dizaine d'années. Cette fois, l'occupation ne correspond pas à une annexion. Maintenant l'illusion d'une souveraineté territoriale lorraine intacte, ils imposent un système de condominium. Aux Français, la sécurité des frontières ; aux Lorrains, la police intérieure. Le modus vivendi qui se dégage a le mérite de ne pas ébranler le dynamisme naissant. L'activité verrière, par exemple, reprend de plus belle avec la création de Meisenthal.

Afin de contrecarrer l'influence française après le départ des troupes royales, Léopold ne recourt guère aux solutions répressives. L'épuration est brève. Elle touche uniquement les capucins. Ils sont congédiés. Avec intelligence, le duc applique une politique incitative. Il s'appuie sur quelques fidèles gardes du corps qu'il pourvoit de fiefs (Mallan à Olferding, Berton à Utweiler, Lalance de Moranville à Bitche). En même temps, il encourage les initiatives locales. A partir de Bitche, la campagne connaît alors une forte pénétration bourgeoise. Elle se manifeste par la constitution de grands domaines fonciers (Heiligenbronn à Enchenberg, Schoenhof à Rimling, etc) et la création de nouveaux sites industriels (renaissance de Mouterhouse et de Goetzenbruck). Fermier général de Lorraine, Jean-Frédéric de Dithmar de Moranville est le modèle même de ces bourgeois entreprenants que vient récompenser un légitime anoblissement. Le duc de Lorraine permet ainsi une promotion sociale. Il en retire un enracinement des sentiments de loyauté et de reconnaissance. Au bout du compte, le Pays de Bitche se présente comme une région économiquement prospère grâce au potentiel humain de plus en plus abondant et à un capital local très actif ; il se présente aussi comme une région politiquement "fidélisée" par l'implantation de serviteurs ducaux et par l'anoblissement de l'élite bourgeoise. La fin de l'indépendance lorraine entraîne des conséquences sociales graves. Le pays est atteint dans ses forces vives. Il n'y a que deux options possibles pour maintenir son rang: s'expatrier pour la Toscane ou entrer au service de la France. Dans les deux cas, il résulte rapidement un large désintérêt de la chose locale. Pour toute une strate de la société, la terre de Bitche n'est plus un secteur d'investissement, elle n'est plus qu'un objet de prélèvement.

Contrairement aux autres régions lorraines, il n'y a pas de réunion différée pour Bitche et ses environs. Dès 1737, les Français y sont militairement présents, économiquement entreprenants et socialement dominants. Henri-François de Bombelles, gouverneur de Bitche pour le roi de France, étend "paternellement" sa puissance tutélaire sur le pays et les hommes. La nouvelle période française qu'il ouvre se caractérise localement par une hypertrophie du fait frontalier que l'on perçoit au plan militaire d'abord, au plan diplomatique ensuite, au plan politique enfin. Le comté de Bitche semble se réduire à un morceau de frontière, sis aux confins du royaume. Dans un premier temps, les Français retrouvent le maillon manquant qui assure la continuité linéaire de Sarrelouis à Landau. Pour le consolider, ils reconstruisent la citadelle, complètent le dispositif par des redoutes aux quatre extrémités du pays, effectuent un spectaculaire désenclavement routier. Désormais, les militaires imposent une vision de l'espace en terme de glacis. Cette fortification pluriforme de la frontière se fait au prix de corvées de plus en plus contraignantes pour les communautés villageoises. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que le "surcroît frontalier" accentue ici la crise générale qui sévit dans le monde rural et donne un relief particulier à certaines de ses manifestations, notamment à une émigration plus forte qu'ailleurs vers la plaine danubienne. En définitive, le pays est touché dans sa vitalité plus profondément que bien d'autres. Même en terme d'image de marque, la région pâtit fortement de sa vocation frontalière. Terre marginale, elle se mue en lieu d'exil. Le comte de Tressan en fait l'expérience. Il suffit que la plume acerbe de Voltaire s'en mêle pour en faire une Sibérie lorraine, où les Lumières ne pénètrent jamais. Heureusement, le passage d'un Goethe curieux sauve un peu la mise...

Economiquement déprimé, culturellement discrédité, le comté peut servir sans façon comme monnaie d'échange au niveau diplomatique. En 1781, les Français y prélèvent six villages pour effectuer des rectifications de frontière (Altheim, Neualtheim, Utweiler, le ban de Bockweiler, Niedergailbach et la moitié de Walsheim). Cette ponction territoriale scelle en quelque sorte le "déclassement" dont le pays est victime.

A l'épreuve de la Révolution, le tout nouveau district de Bitche a mission de propager dans son ressort l'idéologie en vogue, de faire correspondre finalement frontière diplomatique d'Ancien Régime et frontière politique de la Nation. Dès 1791, il se révèle incapable d'assumer la tâche. Le clergé - massivement réfractaire - constitue un obstacle irréductible. Bravant l'interdit, c'est tout un pays qui se rend au-delà de la frontière pour l'administration des sacrements. Situation alarmante, la défaite idéologique est accentuée par une déroute militaire en 1793 (Eschviller). Le représentant du peuple Mallarmé a donc toutes les raisons pour reprendre le pays en main. Il y sème la terreur. Une partie de la bourgeoisie passe sur l'échafaud. Un nombre important de gens de toute condition émigre. Le pays perd sa substance.

LA FIN DE l'UNITE

Vieille de près de neuf siècles, l'unité historique éclate en 1800. Le pays de Bitche est fondu dans l'arrondissement de Sarreguemines et divisé en trois cantons

Canton de Bitche : Bitche, Baerenthal, Eguelshardt, Goetzenbruck, Hanviller, Haspelchiedt, Lemberg, Liederschiedt, Meisenthal, Mouterhouse, Philippsbourg, Reyersviller, Roppeviller, Saint Louis les Bitche, Schorbach et Sturzelbronn

Canton de Rohrbach lès Bitche : Rohrbach lès Bitche, Achen, Bettviller, Bining, Enchenberg, Etting, Gros-rederching, Kalhausen, Lambach, Montbronn, Petit-rederching, Rahling, Schmittviller, Siersthal et Soucht

Canton de Volmunster : Volmunster, Bousseviller, Breidenbach, Epping, Erching, Hottviller, Lengelsheim, Loutzviller, Nousseviller, Obergailbach, Ormersviller, Rimling, Rolbing, Schweyen, Waldhouse et Walschbronn  

Son histoire coïncide maintenant avec la Moselle, mais avec un sentiment de repli fortement marqué par la tutelle morale et intellectuelle du clergé catholique. Bitche "ayant perdu son tribunal, les habitants aisés et enfin beaucoup de ses revenus, n'est aujourd'hui qu'un gros bourg…" d'après le directeur des contributions directes.

Après la défaite de Napoléon I, les troupes alliées déferlent sur le pays et les Bavarois s'installent même pour un temps. En outre, la mise en place du code forestier, la stagnation économique - malgré le développement des forges et verreries et certaines activités artisanales - et plusieurs calamités agricoles engagent plusieurs familles à émigrer jusqu'au milieu du siècle vers la Pologne russe puis l'Amérique, l'Algérie et l'Alsace.


Il semble que  le Pays de Bitche souffre encore de son éloignement malgré l'arrivée du chemin de fer et le développement du réseau routier.  La population augmente néanmoins considérablement quand arrive le désastre de 1870. Une nouvelle donne politique et économique s'installe avec l'arrivée des prussiens. Le clergé, les conseils municipaux et la bourgeoisie francophones sont placés sous la surveillance des fonctionnaires allemands. Certaines familles optent même pour la nationalité française et s'installent en région parisienne.

Arrive la première guerre mondiale et le retour à la France. Le pays de Bitche conserve son aspect agricole malgré l'installation de l'électricité, des adductions d'eau, de caisses d'épargne, du camp de Bitche en 1900 et de nombreux bâtiments administratifs sous le régime précédent. Mais déjà plusieurs jeunes se rendent pour travailler dans le Bassin houiller, à Sarreguemines, Niederbronn...


L'évacuation de septembre 1939 et les destructions inhérentes à la seconde guerre mondiale vont changer complètement l'aspect et le déroulement quotidien de la vie du Pays de Bitche qui recherche son désenclavement.


 
Cette présentation est tirée de " Le pays de Bitche " Images du patrimoine par Marie France Jacobs, Jacques Guillaume, Didier Hemmert avec l'autorisation de Didier hemmert